Quelle idée vous faite vous de votre mort ? Versus, quelle idée vous a t'on transmis de ce qui a été inévitable pour les autres. Je ne parle pas de la déferlante de violence du cinéma, ni des accidents de la route. Peut être qu'un film comme « Amour » vous dépose sa petite couche de malheur incontournable. Il est vrai que

les statistiques de 2% de personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer pèsent sur notre inconscient collectif.

 

Il n'y a aucune garantie dans cette vie humaine, ni en Amour, ni dans le travail, ni dans la santé et certainement pas dans la mort. Mais quand il s'agit de l'Amour, du travail, un optimisme raisonnable, (je veux dire qui vient de la tête, par contraste à ce que l'on sait par le cœur) prévaut. Peut être que mon histoire d'Amour ne durera pas toute la vie, mais aujourd'hui je suis tellement amoureux/se que je veux croire que si. Mon travail c'est du solide, ,je trouverai bien une solution si je le perds, quoique.. La santé ? Non la santé, on y peut rien ! Quant à mourir, ce sera un mauvais moment, on y peut rien non plus, on ne choisit pas. Je préfère ne pas y penser.

Justement, peut être devrions nous y penser, car même s'il n'y a pas de garantie, il y a de fortes probabilités que sans y penser on peut beaucoup envenimer la plaie.
Je pense à deux femmes âgées en train de lutter pour quitter ce monde. Pendant ces 90 années de vie, elles ont survécu à une guerre effroyablemourir en bonne santé 1 , perdu biens, espoirs et illusions, se sont maintenues de leur mieux, et, beaucoup, beaucoup travaillé. L'une d'entre elle a connu la victoire contre l'envahisseur, l'autre a subi des décennies de dictature. Dans les 2 cas, il a fallu tout reconstruire, puis lutter pour maintenir. Puis un jour après l'autre, une année après l'autre, effort après effort, je suppose qu'elles se sont trouvées embarquées dans des choix faits en urgence, ou sur un coup de tête, ou sans savoir, comme tout le monde. La vie a passé, fatigante, usante. Arrivées à la retraite, l'une perd son compagnon de maladie ; deux années difficiles à le soigner. Elle trouve un Amour de substitution. Arrivées dans les 80 ans, elles sont vaillantes, mais usées, on appelle ça la vieillesse. La deuxième perd brutalement son mari, mais d'une certaine façon, elles se retrouvent seules, privées de leur compagnon, à peu près au même âge. Et débute la dégringolade, en pente douce pour la première, assez verticalement pour la deuxième. Il me semble que les batteries sont vides, elles ne veulent plus lutter parce que elles ne peuvent plus lutter. La première se plaint de vertiges et commence à tomber, la deuxième est percluse de douleurs. Les deux choisissent comme solution, de se lever le moins possible de leur fauteuil, mais aussi de manger sans y penser, principalement des laitages pour la première, beaucoup de sucres rapides pour la seconde. Les batteries sont vides.

L'idée que je me fais de ma mort, c'est qu'au soir d'une belle journée (si possible ensoleillée) bien occupée à faire joyeusement ce que j'aimerai faire à ce moment là, je m'essayerai dans mon fauteuil et j'ouvrirai les bras à cette visiteuse. Pas de maladie invalidante, pas de souffrance humiliante, le départ pour un nouveau voyage. Et quand je dis ça, vous n'imaginez pas, ou au contraire vous comprenez très bien le regard choqué qu'on me renvoie. Choqué, indigné, voire très en colère. Non, il est interdit de dire que la mort doit être douce. Mourir, c'est douloureux, angoissant, le corridor doit être humiliant. Et surtout on ne la choisit pas. C'est forcement vrai puisque tout le monde le dit. Pourtant, oui, pour certains la mort est douce, et souvent elle n'en est que plus dure aux survivants, peut être est ce pour ça que l'idée est choquante. Mourir en douceur, et rapidement c'est ne pas préparer l'entourage. Et il est tellement admis que nous ne devons pas faire de peine aux autres ! Crotte à l'entourage, je veux mourir en bonne santé !

Au moins essayer. Alors, comment fais je ? D'abord sortir de l'effort. Le mental est très utile pour ma survie, trouver un travail, subvenir à mes besoins de base, organiser ma vie. Mais que d'efforts ! Que c'est dur ! Qui a dit que si je laissais mon cœur décider, ça irait mal ? Ma tête le dit. Pas plus tard que ce matin, je me faisais la remarque que comme je m'étais levée à l'heure tardive qui convenait à mon envie, je n'avais pas assez de temps pour tout faire. Donc il fallait que je décide des priorités et que je repousse à plus tard ce que je ne pouvais pas réaliser maintenant. Je déteste que mes projets s'accumulent. D'un autre coté, aujourd'hui je fais tout avec envie et facilité, et un surcroît d'énergie. Ma tête concède que ce n'est pas si mal. Quand mon cœur décide de mon emploi du temps, il tient compte des obligations, le travail, le repos, l'alimentation et il organise le temps libre en fonction de ses envies. Ma tête, finit par aimer, mais combien de temps il lui a fallu pour lâcher prise... Ouh lala !

J'imagine que cette énergie accumulée d'année en année, de décennie en décennie, sur un parcours normal, sans guerre, ni violence, ni torture, avec les peines « normales » et attendues, les deuils et séparations, me permettra d'aborder la dernière ligne droite, avec l'envie, l'envie de bouger selon les possibilités du moment, de faire des projets à mon goût et à la portée de mes moyens, même si seulement de voir pousser mes carottes ou de peindre encore une aquarelle.

mourir en bonne santé 2Et de soutenir mvie avec une alimentation adaptée, même si je dois cuisiner des hachis faute de dents. Mais que les hachis soient goûteux ! Manger ce dont votre corps a besoin n'est pas une option. C'est une obligation. Si vous créez des carences et des excés votre corps se transforme inexorablement en poubelle, incapable d'éliminer les déchets faute de "briques" pour les murs, de carburant adapté pour les moteurs.


Nettoyer mon corps extérieurement bien sûr, mais aussi intérieurement pour que les déchets ne s'accumulent pas. Jeûner ou pratiquer des mono diètes si mon corps proteste contre le manque d'aliments, on verra bien.

Nettoyer mon âme de ses jugements, sur ce que les autres doivent faire, ou ne devraient pas, sur ce qui est bien et mal, relacher tout ce fatras qui répète que je sais mieux que les autres. Pardonner. Et pour vraiment pardonner, autoriser le processus émotionel, colère, rancune, chagrin, compromis, détachement, et Pardon. S'imaginer qu'on peut se dispenser de cette progression est illusoire et créateur de maladie.


Et puis marcher, marcher jusqu'au bout, ne laisser personne m'interdire de marcher. Trouver du plaisir à bouger. M'entraîner tant que je suis valide à me relever, du sol, de ma chaise, un exercice pour mon corps et ma tête. Un bol d'air pour l'envie.
Rire, m'amuser, voir du monde, méditer.

Il n'y a pas de garantie.
Et tout a un prix. Se laisser glisser jusqu'en bas coûtera très très cher.
Mourir en bonne santé se prévoit, s'organise, même si parfois certains y arrivent sans y penser.

Personne ne vous l'a jamais dit mais il faut de l'énergie pour mourir. Tout le monde connaît un malheureux tellement affaibli qu'il reste coincé sur notre monde, beaucoup trop faible pour faire un pas vers l'autre. Mourir en bonne santé est un devoir envers soi même et ne sanglotons plus pour ceux qui sont partis en pleine forme. Ils ont rempli leur cahier des charges perso. Bravo ! Un toast pour le champion.

Moshe Feldenkreiss : « nous ne devrions faire des efforts que pour des apprentissages qui nous permettront d'en faire moins dans l'avenir », je cite de mémoire.
Tout est là. Il a tout dit, tout compris. Accéder à la facilité comme élixir de longue vie.

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