Notre précédente consultation d'EFT s'était conclue comme parfois, comme ça arrive par l'évocation, puis le traitement de violences sexuelles subies par ma patiente dans son enfance, il y a plus de 30 ans. Elle est de retour, 3 semaines après. Mon travail est de vérifier que tout a été effacé et de compléter si besoin. Elle arrive très souriante, me décrit le bain chaud qu'elle a savouré après notre consultation et demande à travailler sur le poids, les 5 kilos qu'elle a en trop. Je la questionne sur le contenu de notre dernière consultation et elle montre une résistance évidente à l'évoquer.

Voilà de quoi je veux vous entretenir. De la résistance à finir le travail en EFT. Lors de notre 1ere consultation, nous avons effacé tout le matériel qui s'est présenté à nous. L'objectif à atteindre en EFT n'est pas que le patient refuse de se rappeler, mais qu'il soit dans l'impossibilité de se rappeler, que les images ou les sensations aient disparu ou soient devenues floues. On cherche à ce que le corps ne tressaille plus d'un cil quand est évoqué le traumatisme et dans ce cas ci l'agression.

Tout ce qui évoque ce traumatisme, bruit, image sensation nous intéresse. Car ces rappels peuvent ruiner la vie de la victime. Ce peut être le coin coin d'un canard dans un parc, ou, le bruit d'une clé, ou la lumière d'une lampe qui la reblesseront par surprise. Vous pensez que c'est impossible, j'affirme que ça ne l'est pas.

L'ambiguïté repose sur le fait que le thérapeute renvoie le patient à ce qui s'est passé, mais qu'une fois que le patient s'en rappelle, on traite la réaction du corps : la gorge qui serre, ou le poids sur la poitrine... Puis on ré évoque l'événement jusqu'à faire disparaître toute réaction du corps. Ce qui s'est passé, est passé, on ne peut rien y changer. Mais si notre corps encore et encore sursaute à ces souvenirs, le simple fait de ne pas vouloir y retourner témoigne de tout le travail qu'il y a à faire.

D'un autre coté, on ne doit aborder ce travail que quand le patient est prêt, quand il est d'accord, et dans ce cas nous aurions travaillé sur le poids si elle avait nettement refusé. Celui qui porte le poids (!!!) après tout ce temps, c'est la victime, et la victime peut seule décider, d'en finir. Pour cela, il faut l'outil et la confiance. Et rephraser, rephraser, mettre des nouveaux mots jusqu'à ce que le corps atteigne le calme.

Nous avons à chaque fois la surprise, aussi, de constater que le patient ne racontera jamais l'histoire dans les moindre détails : je n'entendrai jamais la totalité (ouf) de ce dont le patient se rappelle, car très souvent il ne me le dira pas, il n'y a pas nécessité de le dire. Nous aurons travaillé sur la réaction de son corps à l'évocation, le survol d'un souvenir. Je dis l'évocation : on entrouvre la boite dans laquelle le patient à enfermé l'histoire, et on laisse sortir un aspect de l'histoire puis un autre. Quand la boite a disparu, on s'arrête et on est loin d'avoir tout raconté mais on a effacé toutes les réactions du corps, on a relancé l'énergie sur les méridiens et c'est quelque fois extrêmement simple, extrêmement facile. Quelques fois.

 

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